Les règles du savoir-vivre dans la société moderne

La dame, puisque c’est ainsi que se nomme le personnage, vient au-devant des spectateurs et telle une conférencière d’un autre âge, une baronne au mieux de sa forme ou une fiancée déchue, leur parle, et les abreuve joyeusement de toutes les règles à savoir en toutes circonstances, de la naissance à l’enterrement, du baptème au veuvage, tout, tout tout… ! Et gare aux pauvres malheureux qui s’égareraient ! (Gare aux pauvres tout court d’ailleurs, autant le dire tout net !)

Pas ou peu de décor, juste un tapis rassurant qui indique où se placer et quelques objets futiles auxquels se raccrocher, la dame masque vainement l’immense solitude qui s’échappe à tous les coins de phrases, la mort toujours présente, derrière la douce sécurité de savoir ce qu’il faut faire en toute occasion.

On se dit qu’elle exagère, que c’est trop, que si tout cela a existé, c’était il y a des siècles, ou en d’autres lieux, et pourtant tout est rigoureusement vrai, existe ou a existé, et il se trouve toujours un ou plusieurs spectateurs pour témoigner d’une tante, d’une grand-mère qui était « exactement comme elle », d’un milieu auquel on a échappé, d’une lignée dont on est issu, d’une famille aimée ou haïe… Les choses de la vie, la mort… L’amour ? : « éviter de se laisser déborder par les futilités accessoires que sont les sentiments »  !